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Le choix véritable : entre cœur, raison et intuition
Nos choix dépendent-ils toujours de ce que notre cœur nous dit ?
Pendant bien longtemps, j'ai cru que je n'aimais pas choisir.
Au restaurant, par exemple, j'étais de ceux qui attendaient l'arrivée du serveur pour ne choisir qu'au dernier moment sous son regard un tantinet réprobateur. Dans le monde du travail, quelle difficulté de dire non à un client, et quelle souplesse pour réussir à contorsionner mon agenda dans le seul objectif de ne pas dire non, de ne pas choisir. Car oui, choisir, c'est dire oui, mais c'est aussi dire non. Choisir, c'est poser une limite, accéder à un espace de souveraineté et renoncer à un pan de l'histoire pour l'autre.
Mais de quoi dépendent nos choix ? Qu'est-ce qui nous pousse à aller dans une direction alors que parfois elle semble irrationnelle ? Ou, au contraire, qu'est-ce qui nous incite à ne pas toujours écouter notre cœur pour tâcher de garder le cap ?
D'ailleurs, a-t-on le droit de ne pas écouter notre cœur ?
Si le cœur vous en dit
Récemment, je me suis trouvé dans ce cas de figure où, face à un choix professionnel, j'ai dit à l’ami qui me proposait de partir à l'autre bout du monde pour aller filmer une conférence que je n'allais pas en être, privilégiant ma quotidienneté, mon nouveau mode de vie et mes engagements du printemps. Je ne me voyais pas balayer tout cela pour partir au pied levé, même si c'était pour aller dans un des pays qui m'est très cher : le Bénin.
Je lui ai annoncé ma décision et, en lui disant, j'ai eu le malheur de lui dire que si j'écoutais mon cœur, je serais parti avec lui. Si j'écoutais mon cœur !
Il ne fallait pas en dire plus pour que mon interlocuteur saute à pieds joints dans la brèche ouverte pour tenter de me convaincre de l’accompagner.
Et les arguments auxquels j'ai dû répondre pour rester sur ma position réfléchie et rationnelle étaient bien peu de chose face à cette aura presque indéboulonnable dont semble paré le choix du cœur.
Car oui, si certains, à l'époque, n'en avaient pas le monopole, d'aucuns, aujourd’hui, participent allègrement à sa dictature.

Est ce toujours le meilleur choix ?
La dictature du cœur contre le rationnel et l'intuitif
Mais faut-il toujours choisir avec le cœur ? N’existe-t-il pas d'autres filtres ?
Bien entendu, le cœur est l'alchimiste en chef, le centre de notre usine à joie, celui qui guérit et transforme nos peines et il est essentiel de l’écouter, de lui laisser une place importante et bien souvent de s’accorder à sa merveilleuse vibration divine. Mais est-il toujours la meilleure option pour décider et pour nous dire que faire ?
On entend souvent : « il faut que votre cœur vous guide… » ; « ah si le monde était dirigé par le cœur, tout irait mieux ».
D’un côté, c'est vrai mais n'y a-t-il pas aussi une face cachée au cœur, une face qui révèle des choix irrationnels qui peuvent nous faire perdre la tête ?
Le cœur ne peut-il pas être aussi souvent la voix de nos pulsions et de nos désirs. Il faut bien souvent réussir à les distinguer afin de ne pas nous mélanger les pinceaux.
Prenons l'exemple de mon choix récent que je vous ai exposé ci-dessus.
Évidemment, je ressens l'envie d'aller me glisser dans l'air chaud du Bénin, de revoir ses couleurs, la lagune et des amis chers que je n’ai pas vus depuis plus de dix ans, mais est-ce une raison suffisante pour guider mon choix ?
Intuitivement pourtant, je ressens que je dois rester ici, en Dordogne ; je ne peux pas vraiment expliquer pourquoi, mais c’est très clair pour moi.
Mentalement aussi, si je réfléchis à la situation, tout indique que je devrais rester ici : j'ai un nouveau travail ponctuel au fournil du village d'à côté, un nouvel engagement qui me passionne — « Nouvel Élan » — et toutes sortes d'engagements dans ma vie sociale.
Aussi, j’ai conscience que ce type de voyage me prend beaucoup de ressources physiques et je sais que cela risque également de m'impacter dans les jours qui suivent. Mon programme très chargé jusqu'à la fin juin risque d'en pâtir.
Vous le voyez, le choix du cœur semble mal engagé, et pourtant...
Une équation sacrée à plusieurs inconnues
Dans nos décisions, il y a trois facteurs qui entrent en ligne de compte : ce que nous dit notre tête rationnellement, vers là où notre intuition nous guide, et ce que notre cœur nous souffle à l'oreille.
Chacun et chacune, notre structure énergétique unique nous donne accès, en des proportions différentes à ces trois inconnues.
En ce qui me concerne, ce sont la réflexion et l'intuition qui gouvernent, mais ce sera différent pour chacun (c'est la clé secrète de notre connexion spirituelle, objet de cet article et d'une série de vidéos à venir).
Une fois que l'on a compris cela, ce n'est pas tout car, vous l'avez vu, il y a un piège.
Derrière chacune de ces trois portes, se cache aussi une voie sans issue, un petit escalier caché, parfois terriblement bien éclairé et mis en valeur, qui nous emmène dans une cave sombre et froide : notre nature inférieure.
On est tenté d'y aller pourtant, curieux, convaincus que l'on trouvera peut-être quelques trésors cachés dans une vieille malle ou de très anciennes bouteilles d'un nectar oublié... Mais non.
Malheureusement, c'est juste une petite cave froide et humide dont vous ressortirez vivant certes, mais sans doute avec l'un ou l'autre hématome que vous auriez pu éviter.

En route vers Ithaque !
Dans mon cas, en raccrochant de cet appel téléphonique, toute une série de bons arguments ont alors surgi pour soutenir la proposition de voyage :
« Est-il vraiment juste que je n'aille pas aider mon ami dans son entreprise ? Ça semble important pour lui.
Je peux sans doute me faire remplacer pour mon travail.
Je vais rencontrer des gens extraordinaires.
On va tellement bien manger.
Quarante degrés alors que le printemps peine à démarrer ici. »
Qu'il est difficile à lâcher, ce cœur penchant.
Mais est-ce réellement un élan lumineux qui m'élève et me met au service, ou mes désirs de voyage qui parlent... ? Je crois que si je choisis de rester ici, je ne renonce pas à mon cœur, au contraire, je renonce à sa face cachée. Car en toute sincérité, l'authentique choix du cœur n’est-il pas celui qui m'ancre dans ma nature créative, honore mes engagements présents et me connecte à ma lumière intérieure.
Je me suis assis, j'ai fermé les yeux et cherché à y voir clair.
À distinguer le vrai du faux, à comprendre là où je cédais aux sirènes et là où je gardais les yeux ouverts.
Tel Ulysse sur son bateau, j'ai accepté de les écouter, d'entendre leur chant mélodique, mais j'ai aussi eu la présence d'esprit de rester bien attaché au mât.
Et petit à petit, je les ai entendues s'éloigner, tranquillement, dans le silence de la mer et du vent.
Je suis reparti vers Ithaque, sûr et convaincu de mon choix.
Oui, car quand on ne cède pas aux sirènes, on en ressort plus fort.
On les a vues, on les a entendues et on a résisté.
Et ça, ça n'a pas de prix.
À la semaine prochaine.
Gilles-Ivan
nouvel-elan.net
Merci à mon ami P. qui tel “Mentor” dans l’Odyssée s’est chargé de m’inspirer cet article.
Article corrigé avec le soutien de l’I.A.